Vers le Zéro Déchet dans le BTP
- Bir Architecture
- 24 sept. 2018
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 sept.
Cet article est une introduction au scénario Zéro Déchet dans le Bâtiment et Travaux Publics en mettant en place le contexte français. Les dernières données statistiques datent de 2014.
État des Lieux des déchets produits en France
L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Énergie) définit un déchet comme tout matériau, substance ou produit qui a été jeté ou abandonné car il n’a plus d’utilisation précise.
Selon le Service de la Donnée et des Études Statistiques (SDES) du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, la France a produit 324,4 Millions de tonnes de déchets en 2014.
Le secteur de la construction seul représente 70% soit près de 2/3 du total des déchets produits dans l’hexagone.
Quelle est la nature des déchets du BTP
Le secteur des Travaux Publics est le plus gros producteur de déchets avec 80% des déchets de la construction.
La typologie des déchets produits est de trois types :
les déchets inertes
les déchets non inertes non dangereux
les déchets dangereux
Les déchets inertes représenteront la part la plus importante avec 92% du total des déchets produits. On les retrouve essentiellement dans les déchets produits par le secteur des Travaux Publics. Les déchets inertes sont des déchets qui ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne produisent aucune réaction physique ou chimique. Les déchets inertes sont principalement des déchets minéraux :
le béton
les tuiles et briques
les agrégats d’enrobés
les déblais
la terre végétale non polluées
le vitrage
Les déchets non inertes et non dangereux représentent 6% du total des déchets produits. On les retrouve surtout dans le Gros-Œuvre et le Second-Œuvre du bâtiment.
Ces déchets sont constitués de matériaux qui, après une éventuelle étape de prétraitement, et/ou de transformation, peuvent être utilisés en substitution d’une matière première vierge dans un cycle de production recyclage. Ce sont des matières non traitées telles que :
les métaux
les cartons, papiers
le bois
le plâtre
le plastique
les textiles
Les déchets dangereux représentent moins de 2 % de l'ensemble des déchets produits pour la construction en 2014. Les principaux déchets dangereux sont de type :
l’amiante
les peintures, solvants
les terres polluées.
Finalement, les apparences sont trompeuses car la plus grosse part de matériaux à récupérer et à valoriser n’est pas celle qui est mise en vedette dans les magazines de décoration comme le bois, le métal, le plastique, mais représentée plutôt par les matériaux inertes de type minéral.
D’où proviennent les déchets du BTP
Les déchets de la construction proviennent majoritairement de déconstruction et/ou rénovation de bâtiment existant.
Les installations éphémères dans l’évènementiel constituent également une source de déchets.
En construction neuve, il peut s’agir :
d’erreur de commande en cours de chantier
de matériaux restants et inutilisés à la fin d’un chantier
de chutes de pose de matériaux
de rebuts ou matériaux avec défaut
de surplus de stock, les invendus chez les fournisseurs de matériaux
Que fait-on de ces déchets actuellement
En 2014, 61 % des déchets inertes de la construction sont réutilisés sur un autre chantier, dirigés vers des installations de recyclage ou des carrières dès leur sortie de chantier. La proportion de déchets inertes directement valorisés ou réutilisés à la sortie de chantier est plus importante dans les travaux publics (63 %) que dans le bâtiment (46 %) qui a plus largement recours à un collecteur de déchets.
La moitié des déchets non inertes non dangereux sont remis à un collecteur. Seuls 12 % d’entre eux sont réutilisés ou recyclés dès leur sortie de chantier.
Les 2/3 des déchets dangereux sont dirigés vers des installations de stockage en sortie de chantier. 38 % de ces déchets sont remis à un collecteur (ou éventuellement repris par le fournisseur), et 38 % également sont dirigés vers des installations de stockage (ISDD et ISDND) dès leur sortie de chantier. Les déchets dangereux sont peu valorisés, avec seulement 7 % recyclés ou partant en revalorisation matière, et moins de 2 % exploités en valorisation énergétique.
ISDI : Installation de Stockage de Déchets Inertes
ISDND : Installation de Stockage de Déchets non Dangereux
ISDD : Installation de Stockage de Déchets Dangereux
Pourquoi valoriser les déchets du BTP
L’enjeu majeur est environnemental. Le maintien de la vie et la favorisation du bien-être sur la planète sera possible par l’économie des ressources naturelles et en réduisant leur consommation et leur gaspillage. Le 2e bénéfice environnementale à atteindre est la réduction des pollutions.
Ensuite l’enjeu est politique. L’autonomie de la France face aux besoins en matières premières est recherchée. L’accès aux ressources peuvent en effet se limiter en cas de tensions géopolitiques ou de protectionnisme.
Enfin, l’enjeu est économique grâce à la maitrise des coûts de gestion des déchets à l’échelle locale d’une métropole ou d’une commune.
Aujourd’hui, l’objectif dans le bâtiment est de réduire, voire supprimer la part des déchets stockés en décharge ou incinérés, sans valorisation de la matière. Ensuite, d’augmenter la part de matériaux récupérés pour être triés et recyclés. Enfin, de promouvoir le réemploi des matériaux existants pour limiter la production de nouvelle ressource.
Les conséquences de cette valorisation des déchets est la création d’emploi liées au diagnostic, tri et recyclage des matériaux, le développement des liens sociaux entre les acteurs via les plateformes de dons et/ou d’échanges de matériaux et le développement de la créativité et des idées innovantes pour intégrer ce nouveau mode de fonctionnement à la vie des bâtiments.
Comment valoriser les matériaux récupérés
Communiquer, sensibiliser et former le public et les acteurs du bâtiment (Maitre d’Ouvrage, Maitrise d’œuvre, etc…) à la question de la préservation des ressources naturelles et de l’économie d’énergie sur la planète.
Intégration de la question de la gestion des déchets dès les études de conception architecturale.
Généralisation du tri à la source sur les chantiers de construction et de déconstruction.
Un tri, un diagnostic qualitatif et une dépose soignée pour le réemploi des matériaux du BTP.
Localement et avec une large couverture pour réduire les pollutions dues au transport, création de plateforme physique ou virtuelle de dons et d’échanges de matériaux.
Création de matériaux hybrides à partir des matières minérales pour réemploi : Usage originel du matériau dans le BTP ou usage détourné dans le domaine artistique, commerciale, etc…
Aller au-delà de la standardisation et de l’homogénéisation industrielle, en acceptant la mise en œuvre de produits qualitatifs dont les caractéristiques structurelles ne sont pas altérées, mais dont l’aspect n’est pas parfait.
Remettre en état les matériaux qui peuvent l’être pour servir à nouveau.
Privilégier une économie circulaire, s'appuyant sur des ressources renouvelables.
En révélant la valeur ajoutée et les bénéfices pour l’acquéreur, les déchets se transformeront en un flux de matière précieuse.
Économiser les ressources naturelles ne signifie pas économiser les moyens de le faire !



